« François Duprat », le livre référence sur l’homme qui inventa le Front national
Date de publication :
17 février 2012 |
Mots clés :
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Date de publication :
17 février 2012 |
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Qui était François Duprat ? Personnage mystérieux et fondamental de l’extrême droite française, il traversa un quart de siècle de vie politique française et internationale. Sa mort mystérieuse dans un attentat à la voiture piégée le 18 mars 1978, la veille du premier tour des élections législatives, lui a laissé une image de martyr de « la cause nationale » dans sa famille politique.
L’historien Nicolas Lebourg et le documentariste Joseph Beauregard se sont attelés à la tâche ardue de reconstituer l’itinéraire politique et personnel d’un homme qui n’a eu de cesse de cloisonner ses vies et qui ne rechignait pas à les inventer quand cela lui semblait nécessaire. Tout lui fut prêté : flic, indic, homme du KGB, du Mossad, de la CIA, des Syriens, payé par Kadhafi, Arafat et autres suppositions encore.
En avril 2011, les auteurs réalisèrent, en partenariat avec Le Monde.fr, l’INA et 1+1 Production, un webdocumentaire qui lui aussi s’attachait à expliquer le parcours de Duprat et le rôle essentiel qu’il a joué au sein de l’extrême droite.
Leur biographie reprend l’essentiel – en plus développé encore- de cette trame. François Duprat, l’homme qui inventa le Front national, se lit comme un roman policier. Et contient foule de détails et d’analyses politiques passionnantes. Les auteurs ont retrouvé tous les témoins essentiels, que cela soit la famille de Duprat, ses camarades de combat, ses adversaires, ses ennemis. Chaque information est vérifiée, recoupée. Un travail d’enquête rare qui permet de lever le voile sur François Duprat. Car, s’il a été oublié du grand public, Duprat eut un rôle fondamental dans la naissance et l’ascension finale du Front national.
Intellectuel organique
Duprat s’engagea d’abord, lors de la guerre d’Algérie à Jeune Nation, groupe d’extrême droite violent créé par Pierre Sidos, faisant partie de la galaxie OAS. Duprat fera par la suite partie de toutes les aventures d’extrême droite, d’Occident au FN, donc, en passant par la Fédération des étudiants nationalistes et Ordre nouveau. Souvent, il s’en fera exclure. A chaque fois, il imprimera son influence théorique sur ces groupuscules, jusqu’à devenir le véritable intellectuel organique de l’extrême droite. Ce professeur d’histoire, adoré par ses élèves, dirigera aussi une multitudes de titres de presse militante qu’il utilisera comme arme idéologique dans sa famille politique.
Mais Duprat n’était pas qu’un simple activiste parisien, qui ne rechignait pas à la bagarre malgré son physique enrobé et sa myopie très forte. Fasciné par les services de renseignements et les double (voire triple) jeux, il émargeait aux Renseignements généraux où il informait son officier traitant des vicissitudes de sa famille politique. Il ira aussi au Nigéria et au Congo, en pleine décolonisation, pour aider le camp anticommuniste.
Car cet enfant de résistant, issu d’une famille de gauche, était d’un anticommunisme total. Et d’un antisémitisme profond. Il fut ainsi le premier à diffuser des ouvrages négationnistes en France. Et à revitaliser l’antisémitisme en combinant négationnisme et antisionisme. Les auteurs écrivent : « Le négationnisme ouvre (…) sur les nouvelles mythologies de l’antisémitisme. Les Juifs auraient gagné la Seconde guerre mondiale à la fois pour la cause sioniste et pour la destruction des autres Etats et ’races’ afin d’instaurer leur domination planétaire ». C’est aussi lui qui conceptualisa la notion de « nationalisme révolutionnaire », une actualisation du "fascisme mouvement".
Au début de l’aventure FN, il est avec ses Groupes nationalistes révolutionnaires l’aile radicale du parti. Mais cela ne l’empêche pas d’influer fortement la ligne et le discours du parti. C’est lui par exemple qui souffle à Jean-Marie Le Pen une expression devenue une des marques du parti d’extrême droite : le fameux « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop ».
Le legs de Duprat, le FN ne l’assume plus. Trop sulfureux. Pourtant, il est bel et bien toujours présent. Et particulièrement aujourd’hui. Le positionnement économique et social défendu par Duprat au FN , et le soit-disant « nouveau » discours de Marine Le Pen, présentent des similitudes frappantes.
Évidemment, l’assassinat de Duprat est méthodiquement étudié. Un peu à la manière d’une enquête de police, les auteurs, décrivent avec force des détails les circonstances de la mort de Duprat. Ils passent en revue toutes les hypothèses quant aux responsables de l’assassinat.
Au fil des 336 pages de ce livre-somme, au travers du personnage Duprat, se dessine, en trame et par petites touches impressionnistes, le portrait d’une époque où la politique était l’affaire d’une vie, et où l’on ne renonçait à aucun moyen, violence et meurtres compris, pour arriver à ses fins.
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