Les femmes dans l’économie sociale et solidaire : Repoussons l’isomorphisme
Date de publication :
6 mars 2014 |
Mots clés :
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6 mars 2014 |
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Ce billet est la reprise de l’article paru dans le supplément ESS de l’Humanité. Le 8 est la journée internationale des femmes et on m’avait demandé, en tant qu’homme et expert de l’emploi dans l’ESS, d’écrire une tribune sur la place des femmes dans notre secteur.
Dans l’Economie Sociale et Solidaire, les femmes sont largement majoritaires. Elles représentent 2 salariés sur 3. l’ESS fait « mieux » que le privé lucratif (moins de 1 sur 3), que la fonction publique (1 femme sur 2). Dans l’ESS, les femmes représentent 59,2% de l’emploi dans les activités financières, 52,2% dans les services aux entreprises et messieurs, tenez-vous bien : 71% dans l’éducation, la santé et l’action sociale [1] !
Ce dernier secteur est bien celui qui touche à la personne, au foyer... et donc au domestique ! Nous retrouvons-nous ici la si contestée division sexuelle du travail qui assigne aux hommes la sphère productive et aux femmes à la sphère reproductive. A ceci s’ajoute que pour une femme, devenir cadre dans l’ESS suppose de franchir un épais plafond de verre. Le pouvoir reste encore aujourd’hui essentiellement entre des mains « viriles ».
Et lorsque les femmes travaillent, 45% le font à temps partiel (contre 30 % des femmes et 10% des hommes dans le secteur lucratif). Connaissant souvent de bas salaires, elles doivent, tant bien que mal, composer entre travail et vie de famille, en faisant plus en moins de temps, à la maison comme au travail.
C’est après avoir constaté, suite aux Etats généraux de l’ESS de 2011, que les femmes étaient absentes des tribunes comme des instances, que le collectif Femm’ESS a été lancé, comme une réponse à ceux qui osaient dire "On a cherché des femmes expertes, on n’en a pas trouvé".
Il faut enfin réaffirmer et mettre en pratique le principe d’égalité professionnelle, de partage de la gouvernance dans l’ESS en proposant des solutions concrètes
Un des principes fondamentaux de l’ESS, « Un homme, une voix », n’est-il pas devenu au XXIe siècle un abus de langage qui demeure ? Même si on dit désormais « une personne, une voix" ? Les mots ne suffisent pas, où sont les actes ? L’ESS ne devrait-elle pas être à l’évidence une alternative à une organisation sexiste de l’économie ?
Aujourd’hui, nous devons réfléchir ensemble à des solutions pour affirmer le principe d’égalité professionnelle, au risque de ne pas faire mieux voire pire que les entreprises lucratives. Il est possible de concilier vie privée et vie de famille, encore faut-il adapter le fonctionnement de nos entreprises : organiser des réunions décalées, imposer l’égalité salariale ou le congé parental, favoriser les projets conciliant coworking et micro-crèche ou encore réussir à mieux protéger le retour de congé maternité, qui reste le point de fragilité du système ? A l’heure du web collaboratif, comment ne pas imaginer également des pratiques novatrices ? Une femme, même dirigeante, ne devrait plus rencontrer aujourd’hui de difficulté dans la reprise de son poste après un congé maternité, ni un homme, être mal vu parce qu’il prend un congé parental.Nous, acteurs de l’ESS, devons être moteurs d’innovation et de citoyenneté en améliorant les pratiques et en intégrant pleinement la soutenabilité dans nos emplois. Rendre possible l’accès des postes à n’importe quelle personne sur la "simple" base de ses compétences est au pire une exigence RH, et au mieux une exigence solidaire. Repoussons l’isomorphisme !
Allons plus loin en reprenant la main sur d’authentiques innovations sociales, celles qui servent le salarié dans son rapport à l’entreprise, celles qui permettent épanouissement et progrès ! Tout comme pour les femmes, laissons également une vraie place aux jeunes et aux seniors, qui ne manquent ni de créativité ni d’expérience pour renouveler un secteur qui prône l’égalité mais l’applique encore trop rarement.
Le projet de Loi sur l’économie sociale et solidaire est sur le point d’être soumis au débat et au vote des députés. Sans tomber dans une discrimination positive imposée, comme c’est en principe le cas pour conseils d’administration des entreprises cotées, puisse ce débat être un levier fort pour initier une véritable politique RH solidaire intelligente dans le secteur. Le débat reste ouvert.
Guillaume CHOCTEAU, Délégué Général de Ressources Solidaires
Relatant les propos et réflexions des actrices de l’ESS avec qui j’échange régulièrement
(Remerciement spécial à Julie Schwartz / econovia pour la relecture)
Il y a donc un peu de travail devant nous !
[1] Sources : Panorama national de l’ESS en France et dans les régions en 2012, publié par l’Observatoire National de l’ESS 2013. Une initiative du CNCRES. www.cncres.org
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