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Photos de la porte Saint-Pierre à Nantes (1887 et année 2000)


Porte Saint-Pierre : Découverte le lundi 10 Janvier 1887, de l’entrée de la voie romaine dans Condevicnum / Condevincnum / Portus Namnetum (Nantes)

Cette photographie très rare de Nantes n’a jamais été publiée avec cette qualité. Elle a été prise en 1887 depuis la place Louis XVI / du Maréchal Foch en direction de l’ouest. De l’autre côté de la porte fortifiée s’ouvrait la rue de l’Évêché / Saint-Pierre.
Côté est, c’était la principale entrée dans la ville de Nantes depuis l’Antiquité.

L’importante voie romaine reliant Juliomagus (Angers) et Condevicnum / Portus Namnetum [1] (Nantes) y pénétrait à cet endroit. Plus à l’est, cette chaussée suivait le tracé de la route de Paris, passait près de la basilique Saint-Donatien, où existait une nécropole antique [2], avant d’atteindre (par l’axe des rues actuelles du Général Buat et du Maréchal Joffre) la porte Saint-Pierre.

Le dallage que l’on voit correspond à cette voie antique empierrée et plusieurs fois rehaussée, notamment avec du matériel de réemploi comme les stèles funéraires rectangulaires visibles sur la photo. Quand on a édifié l’enceinte fortifiée de Nantes à la fin du IIIe siècle ap. J.-C. (vers 280-300), elle passait sous le porche d’une porte dont la base est restée permanente jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Son niveau supérieur est à environ 2 m en dessous du sol comme on le constate sur l’image. L’homme au chapeau tenant un parapluie dans sa main gauche (à l’avant-plan, à droite) donne l’échelle.

La porte Saint-Pierre était encadrée de deux tours en fer à cheval, celle de Guy de Thouars au nord et celle de l’Évêché au sud. La première fut démolie en 1768, la seconde en 1776 / 1777. Peu d’années après, en 1783-1791, la rue de l’Évêché est percée au nord de la porte Saint-Pierre pour faciliter l’entrée dans la vieille ville, mais le projet, de Mathurin CRUCY, n’est réalisé que du côté nord. Sur l’actuelle place Louis XVI / Maréchal Foch, il existait un bastion défendant l’accès à la porte (d’où le nom de Bastion Saint-Pierre qui a aussi été donné à la porte). Cette fortification, édifiée en 1480, est arasée en 1757. Jusqu’à son comblement en 1760, il fallait franchir un fossé devant la porte, avec un pont-levis (ajouté en 1537).

On voit encore les fondations de la tour sud, celle de l’Évêché, près du chevet de la cathédrale. Ces mêmes tours avaient vraisemblablement substituées d’autres tours d’entrée, démolies au début du XIIIe siècle, puis de nouveau reconstruites. La porte a été détruite à partir du 6 avril 1478 (nouveau plan de Pierre BODART). En 1480, on pose une grille barrant son entrée (herse ?), l’année suivante, en 1481, on couvre la partie supérieure des tours et, en 1482, on achève les travaux. L’histoire archéologique et monumentale de ce lieu est très complexe et ce serait trop long de la détailler ici.

Entre la porte fortifiée et la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, et à l’intérieur des remparts, existait le bâtiment de l’évêché, démoli en 1909-1910 (il est à gauche de la photo, mais non visible). Par contre, on voit sur la gauche, après avoir franchi la porte, la façade transversale de ses annexes datant du XVIe siècle qui bordaient la rue de l’Évêché. L’autre façade, interne, donnait sur la cour intérieure de l’évêché. Un homme en blouse blanche (artiste ?) est adossé au mur de l’édifice, à l’appareil ancien. Il se tient près d’une porte murée et en dessous de fenêtres dont l’une, très haute et étroite, possède une grille de défense en fer forgé. C’est un détail de grande valeur, car il s’agit d’un édifice disparu. Le premier palais épiscopal a été bâti après le grand incendie de Nantes, survenu en 1118, par BRICE, évêque de Nantes entre 1112 et 1140, et a subsisté jusqu’à la fin du XVIe siècle. Plusieurs siècles plus tard, les évêques Guillaume GUÉGUEN, en 1500-1506, et Antoine II DE CRÉQUY, en 1562-1564, l’ont reconstruit et restauré. Un nouvel évêché est bâti par l’évêque Gilles DE LA BAUME LE BLANC DE LA VALLIÈRE, en 1665-1679, et refait par Pierre MAUCLERC DE LA MUZANCHÈRE, en 1746-1775. Au-dessus des vestiges du porche de la porte Saint-Pierre se trouve encore une partie du logis bâti au début du XVIe siècle par Guillaume GUÉGUEN, mais il n’est pas visible sur la photo.

Léon Maître écrivait en 1893, soit 17 ans avant la démolition du bâtiment de l’évêché, en 1909-1910, qui a été suivie d’importantes fouilles archéologiques menées par le chanoine Georges DURVILLE en 1910-1913 [3] : (…) pendant quinze siècles, de Constantin à la Révolution de 1789, la circulation de Nantes a suivi le tracé adopté par les Romains, et les modifications de l’entrée principale n’ont eu d’autre but que d’exhausser les montants, en prenant pour départ les jambages du IIIe siècle.

Ce détail d’architecture a échappé à nos historiens, même aux derniers auteurs, qui ont mis en vue l’intérêt des matériaux exhumés, quand on a fait tomber il y a 5 ans (c’est-à-dire en 1888), toutes les échoppes hideuses qui déparaient la rue de l’Évêché. On a procédé au nettoyage complet, on a enlevé les décombres qui obstruaient le passage, on a constaté exactement le caractère des monuments entassés dans cet endroit, mais on a hésité à se prononcer sur l’âge de la porte. (In : MAÎTRE, Léon. 1893. Nantes avant les Normands. Topographie et monuments. Nantes : Imprimerie Émile Grimaud, p. 430-431.)
Porte Saint-Pierre. Façade Est. Ensemble de la Porte Est gallo-romaine découverte sous la Porte du 16e siècle le 10 janvier 1887. Photo originale format 21,5 x 29,3 cm, 1978 Traitement de l’image et coll. Loïc Ménanteau

La porte actuellement...

(Reprise exacte d’un post de Loïc Menanteau, du groupe "Nantes Passion Patrimoine" qui publie d’anciennes photos de Nantes avec beaucoup de détails historiques ou géographiques passionnants"


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[1On trouve également les noms de Condivicnum, Condivincum…

[2- 1874. Fouilles faites en 1873 à Saint-Donatien avec plans et dessins. Extraits du « Bulletin de la Société Archéologique de Nantes ». Nantes : Imprimerie Vincent Forest et Émile Grimaud, 115 p. + planches.
- En 2021, une soixantaine de sépultures, des Ier-IIIe siècles ap. J.-C., ont été découvertes lors des fouilles préventives réalisées l’équipe du Grand Patrimoine sur le terrain du Grand T, à 150 m au nord-nord-est de l’église.

[3DURVILLE, Georges, 1913. Les fouilles de l’évêché de Nantes (1910-1913). Extrait du « Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure », Nantes : Imprimerie Vincent Forest et Émile Grimaud, 366 p. + XIX planches, 6 plans et 3 figures. Georges DURVILLE (1853-1943) a été chanoine de la cathédrale de Nantes à partir de 1906 et, par sa précision et sa rigueur, un archéologue vraiment scientifique pour son époque. Il est entré en conflit avec Léon MAÎTRE pour la datation de deux piscines (IV-VIes siècles ap. J.-C.) qu’ils considéraient, à juste titre, baptismales.


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