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"Mauvaise réponse" ou "pas la réponse que j’attendais" ?

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Il y a une tendance franchement énervante dans notre société à confondre "mauvaise réponse" et "réponse que je ne voulais pas".

La période est propice au cours de droit constitutionnel. Mais j’aurais une grande prétention à pouvoir en tenir un. Je vais donc juste exprimer mon point de vue sur une tendance que je vois grandir proportionnellement à la désaffection des citoyens pour les hommes politiques

Rappel : Nous vivons en France dans une démocratie représentative.

La démocratie représentative ou régime représentatif ou gouvernement représentatif est un système politique dans lequel on reconnaît à un organisme le droit de représenter une nation ou une communauté. La volonté des citoyens s’exprime par la médiation de représentants élus qui incarnent la volonté générale, votent la loi, et contrôlent éventuellement le gouvernement.

La période est ZE période pour notre démocratie représentative : élections présidentielle et législatives. Le processus électoral permet à toute personne inscrite sur les listes, et donc en âge de voter, de prendre part à la décision finale de celle ou celui qui le représentera. Et ceci représente la volonté générale ! [1]

Que veut dire le mot "représenter" ? Le vote est un mode de désignation et pas un transfert de responsabilité. Les élus tirent leur légitimité, non par délégation de la souveraineté de leurs électeurs, mais du fait même de leur élection qui est donc un mode d’investiture dans la fonction. Le député, une fois élu, est indépendant de ses électeurs, il est irrévocable, et n’est pas tenu de suivre explicitement leur volonté. C’est la fin de mandat (relativement courte) qui permet le renouvellement éventuel si les électeurs ne sont pas satisfaits.

Cela veut dire concrètement qu’une fois élu, le député prend les décisions en son âme et conscience, selon les informations qu’il possède, qu’il collecte, qu’il entend, des philosophies qui le traversent, des cultures dont il s’abreuve et éventuellement des collègues et groupes qu’il fréquente.

J’ai (bien entendu) voté pour Hollande au deuxième tour de la Présidentielle [2]. J’ai voté pour lui pour un certain nombre de valeurs et principes qui régissent le parti qu’il a dirigé (le PS) et la famille politique dont il se revendique (la Gauche).
François Hollande n’était pas mon candidat de premier tour. Jamais, je n’ai voté socialiste au premier tour. Les socialistes font partie de la même histoire politique que moi, mais leur direction a pris des positions trop sociale démocrate pour moi. Soit.
Pour cela, je sais pertinemment qu’une partie des décisions qu’il prendra ne sera pas en accord avec mes principes et valeurs. Que ce soit des positions économiques ou sociétales. Je le sais, c’est le principe même de cette délégation de pouvoir que je fais en votant. Si je voulais qu’il réagisse comme moi, il faut que je me présente.

Donc, pour revenir à mon titre, je trouve qu’une tendance lourde se met en place dans la contestation des décisions de nos hommes politiques. L’électeur se sent floué de plus en plus, y compris sur des sujets mineurs [3], quand son représentant ne prend pas la "bonne décision". Mais qu’est ce que la "bonne décision" ?
- 1. Celle que l’électeur a dans la tête : il aurait pris cette décision si il avait été élu. Mais il ne l’est pas...
- 2. Celle que le groupe social dont l’électeur fait partie aurait prise : l’électeur individuel sait trouver des congénères pour porter des revendications à ses représentants, avec moults (bons) arguments et moultes démonstrations.
- 3. Celle du représentant qui a pris la décision : coincé entre la ligne de son parti [4], ses informations, l’environnement juridique, le contexte social et économique et ses valeurs, l’élu a pris une décision. La sienne !
- 4. Celle de l’intérêt général : AAAAhhhh... Môssieur, voici une idée qu’elle est bonne... L’élu doit voter selon l’intérêt général... Ouuhhh... C’est bon ça... Sauf que c’est lui l’intérêt général puisqu’il représente la nation (avec ses petits camarades de bancs parlementaires)

Bon... 1 partout, la balle au centre... Avec cela, on a pas beaucoup avancé... Pourtant...

La démocratie représentative induit l’abandon d’une partie de son pouvoir de citoyen. Si on n’accepte pas ce paradigme politique, on ne peut effectivement pas accepter les décisions prises à sa place (pour toutes les raisons possibles).

Et je trouve que les corps intermédiaires, surtout associatif, jouent mal ce jeu de la démocratie. Pour rappel, les corps intermédiaires, héritiers des corps de l’Ancien Régime, sont des "groupes sociaux et humains, situés entre l’individu et l’État, indépendants et autonomes, constitués naturellement ou par accord délibéré en vue d’atteindre un objectif commun aux personnes qui les composent" [5].
Ces corps ont été mis à mal par Sarkozy [6], ils les détestaient, car ils ne correspondent pas à la vision philosophique libérale du direct entre le Roi et les sujets, entre Dieu et les croyants (Comme les protestants), entre le Président et le peuple (Ressemblant à la monarchie républicaine si chère à De Gaulle et Mitterrand).

On oublie souvent que les associations font partie des corps intermédiaires... Peut on légitimement penser qu’une FFMC, une LDHou une APFne sont pas des corps intermédiaires au sens de la définition ci dessus ? Ne sont ils pas des groupes sociaux organisés pour défendre une cause ?

Ils ont un rôle à jouer en interne : expliquer à leurs adhérents et membres que les causes défendues ne sont pas toujours entendues... Ou bien entendues... Et que les intérêts des uns ne sont pas forcément les intérêts des autres... ET QU’IL FAUT L’ACCEPTER !
Je vois trop souvent des réactions à des positions de nos élus qui démontrent que le rédacteur de la réaction n’a pas compris dans quel plateau de jeu il était : celui de la politique !
Si on demande à modifier des positions, acteurs, dispositifs auprès d’élus du peuple (députés, sénateurs, maires, conseillers territoriaux, ...), on entre sur l’échiquier politique (non partisan) pour faire avancer une cause, reposant elle même sur des valeurs exprimées démocratiquement. Et donc, on fait de la politique.

Ne pas faire de politique, c’est rester chez soi, s’occuper de ses chats, regarder TF1 et "plus belle la vie"...


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[1Le concept de volonté générale, conçu par Jean-Jacques Rousseau dans "Du contrat social", désigne ce que tout citoyen devrait vouloir pour le bien de tous y compris pour son intérêt propre.

[2Le nabot, hop, dehors !

[3qui ne le sont peut être pas pour lui !

[4Qui a pu changer entre temps

[5parti politique, association, entreprise et syndicat, divisions administratives du territoire, chambres de commerce et d’industrie, voire Groupe de pression etc.


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A propos de Le blog de Guillaume
Ma formation initiale est un parcours supérieur dans les sciences humaines et le travail social, car je place l’humain au centre de toutes mes réflexions et souhaits d’agir.Retour ligne automatique Intéressé par l’insertion professionnelle à l’origine, mon intérêt pour le 19ième siècle et l’émergence (...)
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