jeudi, 28 mars 2024|

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Leur destin était "entre nos mains" !


Il y a quelques semaines, est sorti le film "entre nos mains" de la réalisatrice Mariana Otero. Ce film documentaire raconte dans le détail et la tendresse, l’expérience de reprise en main d’une entreprise de lingerie en SCOP (Société COopérative et Participative).

Quelques explications :

La Scop (Société Coopérative de Production) est une société commerciale qui vit et se développe dans le secteur concurrentiel avec les mêmes contraintes de gestion et de rentabilité que toute entreprise. Son originalité : les salariés sont associés majoritaires de l’entreprise dont ils détiennent au moins 51% du capital. Tous les salariés ont vocation à devenir associés dans des modalités définies par les associés existants et avec leur accord.
En étant associés majoritaires de la Scop, les salariés décident ensemble des grandes orientations de leur entreprise et désignent leurs dirigeants (gérant, conseil d’administration, etc.). Ils décident également du partage des bénéfices qui ont une double vocation : privilégier ceux qui travaillent dans l’entreprise, sous forme de participation, d’intéressement, voire de dividendes, et penser aux générations futures en constituant des réserves qui consolident les fonds propres et garantissent la pérennité de l’entreprise. Enfin, l’esprit Scop favorise l’information et la formation des salariés, condition nécessaire pour acquérir l’autonomie, la motivation et l’esprit de responsabilité que requiert un monde économique devenu incertain. Du site de la Confédération

Au début, on voit les explications données aux 6 salariés du groupe de pilotage, chargé de transmettre les informations et organiser les décisions. Les infos sont données par Sylvie Nourry [1], directrice de l’Union Régionale des SCOP d’Ile de France (Entre autres). Elle ne promet pas la lune, le statut coopératif ne remplit pas les caisses et les carnets de commande. Elle explique, rassure, tout en restant objective. Dès le début, on se met dans l’ambiance, aux côtés des craintes des salariés, déjà malmenés par le redressement judiciaire de leur entreprise.

Ensuite, la caméra, discrète de Marina Otero nous emmène dans l’entreprise, auprès des couturières chinois, des plieuses, des expéditions, du service commercial et comptable. Et écoute... La caméra écoute et recueille les doutes, les interrogations, les colères, les pleurs, les rires, les joies,... Elle enregistre la vie de ces salariés qui n’ont rien demandé à personne, et à qui on demande de devenir leur propre patron, collectivement, en abandonnant un mois de salaire pour constituer les premiers fonds de LEUR entreprise.

Puis l’histoire continue, mais je ne vous raconte pas, je vous invite simplement à y aller. Pourquoi ?

Nous sommes allés le voir. "Nous", c’est mes collèges de Ressources Solidaires et moi. J’étais à l’origine de l’idée, mais tout de suite, mes collègues ont été intéressés. Y compris nos stagiaires. Je pensais qu’il était intéressant pour nous qui trempons toute la journée dans l’économie sociale et solidaire dont font partie les SCOP [2], de voir la réalité, de l’autre côté. On peut toujours faire la promotion de tel ou tel statut, de telle ou telle valeur, il est plus vivant d’en parler en l’ayant vécu. Je peux parler des mutuelles Santé pour y avoir travailler, je peux parler des mutuelles d’assurance pour y avoir militer, je peux parler des associations pour y travailler et y militer, mais la SCOP, ce n’était que par écoute, compréhension, conversation et restitution. Là, c’était en plus une vision de documentaire à mettre au mur. Et c’était formateur pour mes collègues et pour moi. Pour 40 euros, on se fait une séance de formation à prix correct.

Ci dessous la bande annonce pour donner encore plus envie d’y aller...

Le film est tendre parce qu’on voit de "vrais gens", de vrais salariés qui subissent la casse sociale dont on parle aux JT ou aux réunions de famille.
De la vraie casse sociale parce que l’entreprise est en redressement et parce que l’échéance de perdre son emploi est à 3 ou 4 mois d’échéance.
L’entreprise est une entreprise de lingerie, qui travaille beaucoup avec les grandes surfaces, ces monstres tentaculaires si utiles aux consommateurs, mais si destructeurs pour les fournisseurs ! Toute personne qui a travaillé avec les grandes surfaces en tant que fournisseur, sait qu’elles sont des prédatrices sans scrupules, sur l’autel du consommateur... Dictature du client ? Bof, car même si le client souhaite payer le prix le plus bas, il n’est pas sourd à un discours réaliste et objectif sur les conséquences de son acte. On tombe dans la marge de liberté individuelle dont chacun dispose, plus ou moins étroite selon la taille de son portefeuille, mais toujours présente tout de même.

En conclusion, je vous invite à aller voir ce film. Évidemment, ce n’est pas un blockbuster américain, il ne va pas vous sortir de votre marasme quotidien à grands coups de flash, boum et crissements de pneus. Ce n’est pas une comédie dans laquelle les personnages enchainent gag sur gag pour vous dérider. C’est juste une histoire d’amour, celle du salarié avec son entreprise, cette relation bizarre de "je t’aime moi non plus" qui donne une relation ambivalente du "nourris moi" et "je te nourris", du "apprécie moi" et "lâche moi"...

Coup de chapeau aux hommes et femmes devenus acteurs du film, mais aussi, et surtout, acteurs de leur vie professionnelle pendant un temps partagé avec nous...

Merci


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[1Elle a été également administratrice de la Mutuelle des Motards au titre de personnalité extérieure

[2Parce que ce sont des sociétés de personnes, et non de capitaux


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A propos de Le blog de Guillaume
Ma formation initiale est un parcours supérieur dans les sciences humaines et le travail social, car je place l’humain au centre de toutes mes réflexions et souhaits d’agir.Retour ligne automatique Intéressé par l’insertion professionnelle à l’origine, mon intérêt pour le 19ième siècle et l’émergence (...)
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