Les plus hauts magistrats dénoncent les propos de Sarkozy sur la justice
Date de publication :
22 septembre 2006 |
Mots clés :
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Les plus hauts magistrats de France sont sortis de leur réserve pour dénoncer les propos sur la justice de Nicolas Sarkozy, qui a assuré vendredi que "jamais" il n’avait "mis en cause les magistrats dans leur ensemble".
Voyant dans les déclarations du ministre de l’Intérieur une "nouvelle atteinte à lèindépendance de lèautorité judiciaire", Guy Canivet, premier président de la Cour de cassation, a demandé à être reçu par Jacques Chirac "garant de lèindépendance de la magistrature". L’Elysée lui a aussitôt donné rendez-vous pour vendredi matin.
Au milieu des critiques de l’opposition et des syndicats de magistrats, le ministre de l’Intérieur a maintenu son cap en affirmant que "les Français savent bien" qu’il dit "la vérité".
Vendredi, il a déclaré sur RTL que "jamais" il n’avait "mis en cause les magistrats dans leur ensemble" dans ses déclarations sur la "démission" de la justice en Seine-Saint-Denis mercredi.
"Je dis à M. Canivet, que je connais bien, qui est un homme de bien, que si la justice française a pour seul problème (mes) déclarations, c’est qu’elle va bien", a ajouté le ministre alors que le premier président de la Cour de cassation Guy Canivet a mis en cause les propos de M. Sarkozy et demandé à être reçu par le président de la République.
Le Garde des Sceaux Pascal Clément, pris entre solidarité gouvernementale et défense des magistrats, a souligné jeudi que la justice française était "sévère" et qu’on ne pouvait la critiquer qu’avec "mesure et impartialité".
Le premier président de la Cour de Cassation, Guy Canivet (g) et Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, le 18 octobre 2004 à Paris
©AFP/Archives - Franck Fife
Selon Guy Canivet, la "nouvelle atteinte à lèindépendance de lèautorité judiciaire" par le ministre de l’Intérieur "et la polémique qui sèensuit, opposant les institutions publiques, affaiblissent tout autant le crédit de la justice que lèautorité de lèEtat".
Le premier président de la Cour d’appel de Paris, Renaud Chazal de Mauriac, a fustigé "la stigmatisation de la justice à travers des formules chocs et réductrices" de Nicolas Sarkozy, dont la tactique "peut s’avérer dangereuse et réjouir ceux qui ne respectent pas les lois de la République".
Le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, s’est déplacé en Seine-Saint-Denis pour "soutenir" les magistrats du tribunal de Bobigny, en première ligne dans les affaires de délinquance.
Parallèlement, on apprenait de source judiciaire que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) avait remis la semaine dernière au président Chirac un avis dénonçant les atteintes à la séparation des pouvoirs par Nicolas Sarkozy lorsqu’il avait déjà critiqué en juin les magistrats de Bobigny.
L’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) "s’est félicité" de la décision de Guy Canivet, dénonçant "un ministre de l’Intérieur qui s’en prend régulièrement à l’institution judiciaire, affaiblissant ainsi l’Etat".
Le Syndicat de la Magistrature (SM, gauche) a surtout vu dans cette "déstabilisation de l’institution judiciaire" par M. Sarkozy une "instrumentalisation de l’appareil d’à‰tat au service des ambitions d’un candidat à l’élection présidentielle".
Le PS aussi a cru repérer la stratégie électorale, accusant Nicolas Sarkozy de chercher des "boucs émissaires", comme les magistrats, pour "détourner l’attention" de son bilan. Ses ténors se sont relayés pour demander "rappel à l’ordre", "explication", voire "démission" du ministre.
Si l’UMP soutenait son président, le Premier ministre rappelait seulement que la lutte contre l’insécurité était un combat "sans relâche" qui demande "beaucoup d’humilité et beaucoup d’engagement", après avoir salué plus tôt l’engagement de tous ses acteurs, dont les magistrats.
"Ce n’est pas mettre en cause l’indépendance de la justice que de pointer du doigt lorsqu’il y a des défaillances et lorsqu’il y a des choix idéologiques qui entraînent des conséquences sur une politique de sécurité", répliquait Nicolas Sarkozy.
"Les Français savent bien que ce que je dis, c’est la vérité et innombrables sont les témoignages que j’ai reçus depuis hier pour me dire : +enfin quelqu’un ose parler+", a-t-il dit en sortant de l’hôpital de la Salpêtrière où il avait rendu visite à un CRS agressé mardi dans l’Essonne.
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