Le communiqué de l'Elysée est tombé, lundi 25 août, à 9 h 35 : « Le président de la République a reçu ce matin le premier ministre. Manuel Valls a présenté au président de la République la démission de son gouvernement. Le chef de l'Etat lui a demandé de constituer une équipe en cohérence avec les orientations qu'il a lui-même définies pour notre pays. Sa composition sera annoncée dans la journée de mardi. »
Nul ne s'attendait à un tel dénouement, du moins aussi rapidement. Dimanche en fin d'après-midi, le premier ministre avait certes fait savoir, par l'intermédiaire de son proche entourage, qu'une « ligne jaune [avait] été franchie » par Arnaud Montebourg après les propos tenus par celui-ci l'après-midi même lors de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) contre la politique économique du gouvernement.
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Mais rien ne laissait penser que l'issue de la crise interviendrait si vite et si fort. Tout s'est donc précipité. Le premier ministre et le président de la République se sont rencontrés une première fois dimanche soir avant de se revoir lundi matin. Selon l'Elysée, « c'est François Hollande qui a demandé à Manuel Valls de lui remettre la démission de son gouvernement ». Cette décision a été acceptée sans hésiter par le premier ministre, a indiqué Matignon au Monde lundi matin. « L'idée est de reconstituer une équipe qui soit en adéquation avec la ligne économique de l'exécutif », a précisé le cabinet de M. Valls.
A l'Elysée, l'on insiste sur le fait que cette décision confirme ce qui a été rappelé à la fois par Manuel Valls et par François Hollande au cours de l'été et encore la semaine dernière : « La ligne de l'action de l'exécutif est connue. C'est la même depuis les vœux du 31 décembre 2013, rappelée lors de la conférence de presse du 14 janvier et encore dans l'interview accordée au Monde par le président jeudi 21 août. C'est le pacte de responsabilité. (...) C'est la ligne que nous défendons à Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette ligne économique », explique l'Elysée au Monde.
« PLACER CHACUN FACE À SES RESPONSABILITÉS »
Avant d'annoncer mardi la composition du nouveau gouvernement Valls, l'ensemble de l'équipe sortante doit être reçue par le premier ministre lundi après-midi – Arnaud Montebourg et Benoît Hamon compris. Une façon de demander à chaque ministre de se soumettre ou de se démettre. En tout cas de ne laisser planer aucune ambiguïté sur sa propre adhésion à la ligne fixée par les deux têtes de l'exécutif.
Cela vaut tout particulièrement pour M. Hamon, le ministre de l'éducation nationale, qui était dimanche à Frangy-en-Bresse avec M. Montebourg pour critiquer lui aussi les choix budgétaires du duo Hollande-Valls. Mais cela vaut aussi pour deux autres ministres : Christiane Taubira, la garde des sceaux, et Aurélie Filippetti, la ministre de la culture, qui n'ont jamais caché en privé leur malaise à l'égard de la politique conduite depuis deux ans.
Une chose est sûre : les jours d'Arnaud Montebourg au gouvernement sont comptés. Une heure avant le communiqué de l'Elysée, lundi matin, celui qui était encore ministre de l'économie laissait entendre, au micro d'Europe 1, que rien n'était décidé quant à son avenir comme ministre. Même s'il laissait parfois entendre à ses collaborateurs, depuis quelques semaines, qu'il était de moins en moins à l'aise avec les choix économiques du gouvernement, il n'envisageait pas de quitter celui-ci à très court terme. « Je ne me situe pas dans cette hypothèse », répondait-il encore au Monde, samedi 23 août, dans un entretien.
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