jeudi, 28 mars 2024|

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Je suis à la FFMC parce que je suis en colère, pas parce que je suis motard !


Cela fait des mois que j’ai envie d’écrire ce billet... Voire des années... Tout d’abord, pour les non initiés, FFMC veut dire "Fédération Française des Motards en Colère". C’est donc une fédération d’associations départementales, animant des militants et des sympathisants pour défendre une vision de la pratique de la moto. En ce moment, on en parle beaucoup sur l’expérimentation de la circulation inter files dans 4 villes. Mais on les connait surtout pour leurs manifs de rue, souvent bruyantes, souvent fumantes, mais toujours dans la bonne humeur !

Allons plus loin... Je pratique la moto depuis 1989, date de mon permis. Toute l’année, par tous les temps, toutes les conditions. Je suis allé en vacances, en famille, à l’étranger, en France. Si je ne fais pas de moto pendant plus d’une semaine, cela me manque horriblement. Bref, je suis un passionné, motard à poils durs.

Pendant mes études à Nantes, j’ai monté un moto club pour les étudiants qui a vécu une dizaine d’années. Il organisait des balades tous les dimanches, des repas de fin d’année, des bouffes sympas, ... Bref, toute l’activité d’un moto club. Nous nous retrouvions tous les vendredi soir dans un local sur la fac, qui était (avant tout) un local d’organisations politiques étudiantes, dont je faisais partie et à qui j’avais demandé de pouvoir y avoir des rencontres non politiques.
De ce noyau de motards naîtra l’idée de relancer une antenne de la FFMC en Loire Atlantique lors du projet de loi Bosson sur les très grands excès de vitesse. Moi, les très grands excès de vitesse, je m’en fiche car je ne suis pas concerné. D’ailleurs peu de monde l’était et l’est encore car ils représentent moins de 5% des excès de vitesse. Ils sont médiatiques, médiatisés, mais le projet ne reflétait en rien une idée utile et efficace pour l’accidentalité routière.

Mais, ce projet heurtait plusieurs de mes principes : la répression [1], l’inutilité de la mesure (Sa démagogie), l’absence de contre poids (Exclusivement répressive, rien de préventif dans le texte),...

Même principe pour la loi des 100 chevaux en France : absurde car aucune cause entre accidentalité et puissance de la moto, injuste car seulement appliquée en France [2] et inégalité de traitement entre les automobilistes et les motards [3]. Pourtant, je m’en fiche des 100 cv, je n’ai jamais eu une moto qui atteignait ce chiffre et cela m’a suffit à me faire plaisir, voire peur de temps en temps. Mais j’ai combattu cette loi idiote par principe.

Et on pourrait parler des réformes des permis de conduire, du gilet jaune ou encore de l’éclairage des feux de jour sur les voitures... Ce sont des principes que j’ai appliqué à un élément me concernant. Et pas parce qu’on touchait à ma liberté de motard ou ma passion, je laisse cela aux mous du bulbe...

Et donc, entrer à la FFMC était naturel, logique et irrémédiable. Défendre un élément de ma vie, sur la base d’un projet politique auquel j’adhérais : démocratie, autonomie, création de structures d’économie sociale, bénévolat, militantisme, transparence, ... Car tout cela était, est et sera vrai ; c’est dans l’ADN de la fédération, même si, droitisation oblige, elle a tendance à devenir un peu trop "communautariste" à mon goût, défendant la "cause de la moto" de plus en plus, et non "un projet politique de sécurité routière des motards".

Comment cela ? Je m’explique ; "défendre la cause de la moto" serait de prendre le plus petit dénominateur commun à tous les pratiquants et de le monter en exergue pour affirmer que nous sommes une communauté parce que nous avons cet élément en commun. Exemple : la communauté des motards n’a en commun que de pratiquer la moto. Rien sur le mode de pratique (route ou piste), la régularité (tous les jours, le week end, les vacances, ...). Rien sur le style (Custom, routière, trail, enduro, ...). Rien sur... Et sur .. Ou encore sur ...
"Porter un projet politique de sécurité routière des motards", c’est réunir des motards (donc des individus) autour d’un constat, débattre, argumenter, s’empailler, convaincre, amener des principes, des valeurs, de la subjectivité, de l’affectif, de l’intelligence, décider d’une option (Donc amener de la démocratie dans le processus, faire un choix, délaisser les autres) et d’un argumentaire reposant sur des principes collectifs débattus et issus d’une histoire commune et aller se confronter avec les autres dans un rapport de force politique parce que c’est en ce projet que nous croyons.

Non, je n’ai rien à voir avec des motards qui votent "Front National", car ils ne partagent pas le même projet politique de sécurité routière que moi. Parce que mon projet de sécurité routière à moi repose sur des valeurs qui ne sont pas compatibles avec les leurs. Et puis parce que si on accepte à un endroit, de la discrimination, on l’accepte partout ensuite. Donc discriminer les arabes, les juifs, les musulmans, les petits, les femmes, les homosexuels, les chaispasquoi, c’est être en capacité d’accepter intellectuellement la discrimination d’une catégorie d’usagers de la route ! Les publics ne sont pas à mettre au même niveau, le principe si.
Mon exemple est certes simple, mais bon nombre de motards avec qui je pourrais discuter ne seraient pas d’accord avec moi sur un sujet de moto. Et alors ? Parlons en, argumentons, peut être que je me trompe, peut être qu’ils se trompent, peut être que nous nous trompons tous, il faut en parler. Et pour cela, que la fédération fasse que chacun monte en compétences et en réflexions. Or, si nous ne faisons que nous retourner vers la base, nous restons au niveau des personnes, qui, non sans être dénués d’intérêt bien entendu, n’ont probablement pas toujours l’ensemble des informations et réflexions permettant de faire progresser le débat.
Et si on regarde sans cesse vers la base, on devient communautaire, voire communautariste.

C’est donc de la même logique que je suis syndiqué depuis mon premier jour de travail. Il faut se défendre car personne n’a le même intérêt que moi...

A méditer...


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[1On pourrait dire la "répression décomplexée" tellement ce projet a ouvert la voie à la répression comme seul outil valable dans la tête des gens. Symbole, cause ou conséquence de la droitisation de la société ?

[2Donc difficulté de vente entre états

[3Ces derniers devant être bridés, car "vous comprenez ma bonne dame, ce sont des fous de puissance, ivres de vitesse !"


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A propos de Le blog de Guillaume
Ma formation initiale est un parcours supérieur dans les sciences humaines et le travail social, car je place l’humain au centre de toutes mes réflexions et souhaits d’agir.Retour ligne automatique Intéressé par l’insertion professionnelle à l’origine, mon intérêt pour le 19ième siècle et l’émergence (...)
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