Christian Bouchet, candidat du FN aux municipales, vient des groupuscules les plus radicaux. Militant nationaliste-révolutionnaire, il tente de faire oublier son passé politique. A retrouver dans notre supplément régional Nantes, en kiosque le 11 septembre.
Le 14 juillet 2002, le militant d’Unité radicale, Maxime Brunerie, tente d’assassiner le président de la République, Jacques Chirac. Quelques semaines plus tard, deux officiers de la PJ se rendent au domicile de Christian Bouchet, ex-secrétaire général du groupuscule d’extrême droite. L’historien Nicolas Lebourg qui l’interroge dans le cadre de sa thèse, assiste à la scène. Après avoir posé quelques questions à Bouchet, les deux policiers lui présentent une lettre anonyme envoyée à la direction centrale des RG : il y est décrit comme « l’équivalent de Ben Laden » en France. Un épisode révélateur du personnage : il suffit de taper son nom sur le web pour voir défiler les rumeurs les plus folles à son sujet.
Tour à tour, accusé d’être sataniste, dirigeant d’une secte inspirée par Aleister Crowley (auquel il a consacré une thèse) ou bien encore indic de police, Christian Bouchet a pourtant réussi à convaincre la commission d’investiture du FN de le faire tête de liste face à Jean-Marc Ayrault lors des élections législatives de 2012. « Il a écrit un long courrier dans lequel il se défendait de toutes les rumeurs circulant sur lui, ça a suffit », confie un cadre du mouvement.
Il a été de tous les combats (perdus)
En quarante ans de militantisme, ce sexagénaire au crâne dégarni a participé à tous les combats (perdus) de l’extrême droite groupusculaire. Monarchiste à 14 ans, activiste dans des groupuscules issus d’Ordre nouveau dans les années 70, militant nationaliste révolutionnaire dans les années 80, mégrétiste dans les années 2000 ou encore militant de l’Organisation Lutte du peuple, Bouchet est un jeu de poupées russes à lui seul.
» Il faudrait une encyclopédie pour raconter son parcours, explique Nicolas Lebourg. Ces légendes sont aussi une réaction à sa ligne atypique : l’antiimpérialisme et la préoccupation sociale. Il aurait eu sa place en Amérique du Sud tant il semble plus proche d’Hugo Chávez que de Jean-François Copé. »
Depuis 2008, Christian Bouchet a rejoint le FN et depuis 2011, il soutient ouvertement Marine Le Pen et tente de faire oublier ses convictions radicales. Pour devenir tête de liste frontiste lors des élections législatives de 2012, ce défenseur de Mahmoud Ahmadinejad ou de Bachar al-Assad cesse de contribuer au site VoxNR, clairement nationaliste-révolutionnaire et antisioniste.
Candidat par défaut
Interrogé en mars 2011, Marine Le Pen s’était désolidarisée de lui en déclarant à la radio israélienne, 90FM : « Monsieur Bouchet n’est en aucun cas un de mes plus proches collaborateurs… (Je l’ai) croisé deux fois dans ma vie lors d’une conférence de presse. »
Comment expliquer alors qu’il soit tête de liste lors des municipales d’une ville aussi importante que Nantes ? « C’est plutôt un candidat par défaut, explique un proche de la présidente du FN. Marine le maintient car malgré son passé sulfureux, sa candidature aux législatives n’avait pas fait pas la moindre vague. Lors des municipales de 2008, nous n’avions aucun candidat à Nantes, il ne pourra pas faire pire. »
David Doucet
Retrouvez notre supplément régional Nantes de 16 pages ici et en kiosque à partir du 11 septembre 2013.